Assassinat d’un enseignant au
Lycée de Nkolbisson : Analyse d’un psychologue
Marius Romaric Tchassep, Pédo-psychologue, auteur du livre «Je ne
comprends pas mon ado » est dans son élément pour nous faire comprendre les
racines du mal.
Quelques facteurs qui favorisent
la survenue de tels drames
La montée de la violence au sein des établissements scolaires notamment
ceux de l’enseignement secondaire est de plus en plus perceptible. Alors que,
nous avons encore en mémoire le cas de l’élève Tchanou Blerius poignardé au
Lycée de Deido le 29 mars 2019 par son camarade, Un autre âgé de 15 ans, élève
en classe de 4ème a mortellement poignardé son enseignant ce 14 janvier 2020 au
Lycée classique de Nkolbisson à Yaoundé.
Ces actes de violences qui ne sont pas isolés renseignent suffisamment
sur le dysfonctionnement de société et de famille. Sans vouloir justifier ces
actes nous nous attelons dans cet article à mettre en exergue quelques facteurs
qui favorisent la survenue de tels drames.
Un facteur des plus importants
est le dysfonctionnement de la famille. La famille est de nos jours affecté par de multiples fléaux tels que
la monoparentalité, les divorces, les surcharges professionnelles, la misère et
la pauvreté... Plusieurs parents ont quasiment abandonné l’éducation de leurs
enfants au profit de la recherche du pain quotidien. Certains d’entre eux,
pensent pouvoirs compenser leurs absences en délégant la fonction parentale à
un tiers ou en gavant leurs enfants de cadeaux. Le constat qui s’impose à nous
aujourd’hui est la disparition au sein de nos familles des valeurs morales et
des moments de qualité.
La consommation des stupéfiants
Un autre facteur et pas des moindres est celui de la recrudescence de
la délinquance juvénile. La question des fréquentations et de la consommation
des stupéfiants par les jeunes se posent. S’il est vrai que la responsabilité
de la famille peut également être mis en cause ici, il n’en demeure pas moins
que celle l’Etat est également engagé. Si non, comment comprendre que ces
produits pourtant illicites puissent circuler si facilement ? Comment
comprendre que les jeunes élèves et parfois en tenue de classe, puissent
s’installer dans les bars et se procurer délibérément des boissons alcoolisées.
Un autre aspect de notre analyse se penche sur le dispositif de
sécurité au sein de nos établissements scolaires. Qui assure la sécurité des
élèves au sein des établissements scolaires ? Comment expliquer que des élèves
puissent se retrouver à l’intérieur d’un établissement scolaire avec des armes
blanches. Comment comprendre que les établissements de microfinances et autres
entreprises puissent s’arroger les services des forces de maintien de l’ordre
et même des forces de défense alors que les établissements scolaires où nos
enfants passent le clair de leurs temps n’en bénéficient pas.
Aujourd’hui encore, nous sommes face à un drame. Suffit-il de jeter ce
jeune élève en prison pour résoudre le problème. Ce jeune garçon de 15 ans
aujourd’hui auteur de crime n’est-il pas une victime lui aussi ? De quel type
d’aide pourrait-il avoir besoin ? Et en
ce qui concerne l’enseignant assassiné et ses proches. Au-delà de l’émoi suscité
quelles sont les dispositions qui sont mises en œuvre pour une prise en charge
global du psychotraumatisme qui découle de cette situation.
Des actions à entreprendre
Aujourd’hui encore, nous sommes
face à un drame. Quelles actions devons-nous entreprendre pour que cela ne se
reproduise plus demain. L’une des
questions que nous devons nous poser aujourd’hui face au drame de l’assassinat
de cet enseignant du lycée de Nkolbisson est celle de savoir qui est le
véritable responsable ? Mieux encore, quelle est ma part de responsabilité en
tant que parents ? Élèves ? Etat ? Y répondre nous aiderais certainement à
trouver des solutions efficaces pour lutter contre les violences en milieu
scolaire.
Ric le pote des ados