Scolarisation précoces des enfants : Atout ou handicap ?
Il est de plus en plus fréquent de voir de jeunes enfants de 2 à 3 ans aller à
l’école. De même, il n’est plus rare de
se rendre compte que, nombreux sont les adolescents de 15/ 16 ans qui ont
achevé leurs cursus secondaire. Nous
tentons de comprendre ce phénomène de façon scientifique en prenant appui sur
les considérations et mutations sociales ainsi que sur les théories
psychologiques du développement de l’enfant.
D’un point de vue
institutionnel la loi camerounaise fixe l’âge minimal d’admission en moyenne
section de maternelle à 4 ans et à
5 ans pour la grande section. Par simple déduction nous pouvons donc comprendre
qu’il n’est pas illégal d’inscrire son enfant en petite section de maternelle
dès l’âge de 3ans. Cependant qu’est ce qui justifie le fait qu’on retrouve de
plus en plus les enfants de 2 ans et parfois moins dans nos écoles maternelles.
Dans la plupart des cas, les parents le
font parce qu’il n’y a personne pour s’occuper de leur enfant en leur absence,
d’autre par suivisme, et une partie pense que c’est un avantage d’évoluer
rapidement et d’avoir précocement ses diplômes.
Il serait donc important de rappeler un temps soit peu que la conception
des programmes scolaires tient compte des capacités d’acquisition psychologiques et
développementales des enfants. De ce fait, un enfant peut être précocement
scolarisé et réussir sur le plan scolaire cependant, être totalement inadapté
sur le plan social et présenter de réelles difficultés de communication et
d’insertion sociale. A coté de cette
inadaptation sociale qui se manifeste tardivement, nous notons également le traumatisme de l’école chez les jeunes enfants.
La grande majorité des psychologues s’accorde à dire que la
scolarisation à deux ans comporte un risque pour le développement psychologique
de l’enfant. A cet âge, les enfants sont
encore des bébés qui ont besoin de sommeil, d’attention, de protection et
d’affection. Pour le pédopsychiatre Bernard Golse, les enfants de
deux ans ont bien d’autres choses à faire qu’à apprendre. A cet âge, l’enfant
entretient une relation privilégiée avec sa mère. Pour se sentir en sécurité et
se développer, il a besoin de sa mère ou d’un « substitut maternel », rôle que
peut tenir un proche ou le personnel des
crèches mais, en aucun cas une
maitresse d’écoles qui a au moins 20 enfants à sa charge et un
programme scolaire à couvrir. Donald
Winnicott, médecin, pédiatre
et psychanalyste
britannique, a bien
montré que l’enfant
a besoin d’appréhender
le monde à
petite dose afin de s’en saisir et de ne pas se sentir impuissant. D’où
un risque pour l’enfant scolarisé précocement de vivre un sentiment d’abandon
et d’insécurité affective qui l’empêche de grandir.
Les psychologues
identifient deux grandes catégories de risques auxquelles s’exposent les enfants
scolarisés précocement. Il s’agit d’une part d’être rendu
passif par une
adhésion sidérée au
groupe, ou de
se figer dans
une régression mutique dans la peur, point de départ des pathologies à
venir, ou encore d’exploser de vitalité dans une instabilité ou une agressivité
si bruyante qu’il rencontrera un rejet toujours renouvelé… et d’autre part celui de
préparer le refus de l’autre, la révolte face à toute règle collective.
La violence exprimée de plus en plus tôt est l’effet de la violence subie de
plus en plus précocement…
Il n’en demeure pas moins qu’il ne s’agit pas d’une règle
absolue et, qu’il existe bien des enfants scolarisés précocement qui se
développent normalement.
Selon vous un enfant doit il aller à l'école avant 2 ans? Pourquoi?
Ric Tchassep le Pote des ados